[NOS AUTEURS FAVORIS] Dans nos cours de théâtre, on aime travailler Bernard-Marie Koltès !

Emmanuel Vacarisas
22 avr.
3 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 avr.

Dans la section [NOS AUTEURS FAVORIS], nous vous parlons des auteurs que nous aimons travailler dans nos cours de théâtre, que ce soit à travers plusieurs de leurs oeuvres, ou parce qu'un de leurs textes nous a particulièrement plu ou touchés.

Bonne lecture !

Pourquoi travailler Koltès dans nos cours de théâtre ?

Selon mes souvenirs, Koltès est très probablement le premier grand auteur contemporain que j'ai lu lorsque j'ai commencé à m'intéresser au théâtre. Je ne me souviens pas exactement pour quelles raisons, mais il est associé dans mon esprit à la découverte du théâtre "sérieux". Je me rappelle également avoir vu la captation de Dans la solitude des champs de coton, mis en scène par Patrice Chéreau, et qu'il interprétait avec Pascal Grégory. Je ne sais pas si j'en avais apprécié tous les aspects, mais il m'est resté ce sentiment d'une écriture très physique.

Et encore à ce jour, je suis très sensible au phrasé des personnages écrits par cet auteur. Il y a une musicalité particulière qui force l'interprète à un travail sur le texte qui ne souffre pas l'à peu près. Quand je propose un texte de Koltès à des élèves de la compagnie, je sais qu'une partie du travail sera consacrée à la compréhension et l'assimilation du rythme des mots, ce qui est un exercice intéressant car il sensibilise plus largement à l'importance du phrasé, et pas uniquement pour cet auteur.

Les oeuvres de Koltès abordées dans nos cours de théâtre

Je ne reviendrai pas sur Roberto Zucco, que nous avons monté durant la saison 2016-2017 ; vous pourrez lire ce qui concerne cette pièce dans un autre article du blog. C'était l'occasion de travailler sur l'intégralité d'un texte.

Au sein des cours de scènes, il m'est arrivé de proposer à différentes reprises un extrait d'une des pièces de Koltès :

Dans la solitude des champs de coton : la structure de la pièce, qui consiste en une alternance de très longues répliques de deux personnages, n'est pas forcément idéale pour travailler sur un extrait au sein d'un cours de théâtre. Malgré tout, le début de la pièce, qui expose le rapport entre les deux protagonistes, permet à chacun des interprètes de s'emparer d'une réplique et de travailler à acquérir et comprendre cette fameuse musicalité dont je parlais plus haut. Le travail est rendu encore plus intéressant car si chacun doit trouver le rythme pour lui-même, il faut également que les phrasés des deux comédiens s'accordent entre eux. Un exercice extrêmement intéressant pour qui n'est pas rebuté par la technique du texte !

Quai Ouest : il y a une scène dont je me suis servi à quelques reprises pour une introduction à l'univers de Koltès, il s'agit de la scène entre Fak et Claire. Le jeune homme est plus qu'insistant vis-à-vis de la jeune fille, qui lui tient tête avec énergie. Dans cette scène, il est très intéressant de comprendre comment l'écriture, basée sur de nombreuses répétitions qui rendent presqu'alambiquée la construction du discours, permet de saisir au plus proche les réflexions des personnages, l'évolution de leurs rapports. Un travail précis sur le texte permet de comprendre ce qu'il y a de charnel dans les mots, et cela rend l'interprétation de la scène encore plus jubilatoire.