[RETOUR SUR] "Mais la pente est forte" (de Sarah Pèpe) monté dans le cadre de nos cours de théâtre
- Emmanuel Vacarisas
- 19 mai
- 3 min de lecture
Dans la section [RETOUR SUR], nous vous présentons les spectacles montés dans le cadre de nos cours de théâtre "Travail d'une pièce". Aujourd'hui, nous revenons sur Mais la pente est forte, de Sarah Pèpe, une des pièces travaillées pendant la saison 2023 - 2024.
Bonne lecture !

Pourquoi avoir choisi cette pièce dans notre cours de théâtre ?
C'est un parcours à rebondissement qui m'a mené à proposer cette pièce à l'un de mes groupes. J'avais déjà lu ce texte deux ou trois ans avant de le monter, et je l'avais rangé en le condamnant un peu rapidement parce que trop sombre, trop pessimiste et peu susceptible d'emporter l'enthousiasme d'une troupe pendant plusieurs mois : il s'agit d'une dystopie (du moins, pour le moment) qui présente une société dans laquelle règne un ultra-capitalisme qui dévore toutes celles et tous ceux qui ne se plient pas à ses règles, et je n'étais moi-même pas certain de trouver du plaisir à me plonger dans cet univers pour un semestre.
J'avais pourtant ressorti le texte de son étagère pour le proposer à un groupe un an plus tôt, en n'envoyant que quelques scènes, certain que la réaction serait la même que la mienne : trop déprimant. Je ne m'étais pas trompé, et le livre est retourné à sa place.
Mais il faut croire que ce texte ne voulait pas se faire oublier, et je l'ai relu en prévision de l'année 2023-2024, en me mettant en condition de l'accepter sans réserve, et de le lire comme si j'étais contraint de le monter. À ma grande surprise, j'ai alors réalisé que cette pièce se prêterait très bien à mes cours de théâtre : si le sujet est certes très sombre, le texte n'est pas dénué d'humour. Et peut-être son sujet éminemment politique m'a-t-il davantage convaincu après avoir travaillé l'année précédente Les Désordres imaginaires ? J'y ai trouvé une continuité à explorer les dérives capitalistes voire autoritaires de nos démocraties modernes.

De nombreux personnages et une distribution totalement modulable : idéale pour un cours de théâtre
Sur la forme, c'est également un texte qui se prête au travail avec un groupe d'une dizaine de personnes, puisque la galerie de personnages est large et totalement modulable, et qu'il y a également plusieurs scènes de groupe à travailler, dont les participants à nos cours de théâtre sont souvent friands.
Comme j'essaie de laisser dès que possible la place à l'inventivité et à la créativité des participantes et participants, je me suis servi de plusieurs extraits de la pièce pour mettre à profit l'imagination du groupe : plusieurs tableaux sont nés de la confrontation des différentes idées du groupe, qui a pu travailler en autonomie à faire des propositions sur sa vision de tel ou tel passage. Le sens du mot "choral" a donc pris tout son sens avec cette pièce, tant dans la forme proposée que dans le travail effectué, ce qui est toujours enrichissant pour le spectacle final.
Et si le pessimisme est bien présent, nous avons pu mettre en valeur l'humour noir et corrosif de ce texte. Qui eut dit que quelques années après avoir lu cette pièce de théâtre pour la première fois et l'avoir dédaigné à plusieurs reprises, j'en recommanderai fortement le travail au sein d'un cours de théâtre ?
C'est une excellente démonstration de la difficulté que présente la lecture d'un texte théâtral, et qu'on ne peut pas lire ce genre de littérature sans solliciter immédiatement et totalement son imagination.
Vous l'aurez compris, je vous invite fortement à découvrir ce texte très fort, que vous souyez ou non en charge d'un cours de théâtre. Vous pouvez également découvrir les autres pièces que nous avons montées au sein de nos ateliers.
À très bientôt pour un nouvel article !
(toutes les photos sont de Stéphane Parphot)
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