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[INTERVIEWS DES ÉLÈVES] Laure (participe à nos cours de théâtre depuis 2021)

  • Photo du rédacteur: Emmanuel Vacarisas
    Emmanuel Vacarisas
  • il y a 6 jours
  • 5 min de lecture

Nous vous emmenons à la rencontre de celles et ceux qui font exister la Compagnie Vacarisas et les cours de théâtre qu'elle propose. Comédiens et comédiennes amateur(e)s mais exigeant(e)s vis-à-vis d'eux-mêmes, ils et elles nous donnent l'envie d'être toujours plus à l'écoute pour satisfaire leur envie d'un théâtre ludique et de qualité.


Aujourd'hui, c'est Laure qui se prête au jeu de l'interview. Elle a rejoint le cours de travail de scènes du mercredi en 2021.

cours de théâtre
Laure dans "Les Larmes amères de Petra Von Kant"

Depuis combien de temps suis-tu les cours de théâtre de la compagnie ?

C'est la quatrième année ! Déjà ?!?


Comment as-tu connu la compagnie ?

J’avais envie de tenter cette aventure depuis un moment. Le théâtre me trottait dans la tête, comme une petite idée têtue qui refusait de se taire.

Alors un jour, je me suis lancée. J’ai fait quelques recherches sur Internet, sélectionné trois cours qui me semblaient sérieux, vivants, humains. Et puis je me suis dit : "Allez, le premier qui me répond, je fonce."

C’était un mélange de hasard, de confiance, et peut-être aussi un peu de paresse… Mais au fond, j’aimais bien l’idée que ce soit la vie qui choisisse pour moi.

Et elle a plutôt bien choisi


Qu’est-ce qui te plaît dans l’enseignement proposé ?

D’abord, la bienveillance. La vraie. Pas celle qu’on affiche en slogan, mais celle qu’on ressent dès qu’on passe la porte. Ici, on peut essayer, rater, recommencer, et même rater encore — sans jamais être jugé.

Ensuite, le travail par scènes. On passe du rire aux larmes, du drame au burlesque, comme un voyage à travers les émotions. C’est riche, vivant, surprenant. On ne s’ennuie jamais (même quand on se regarde en train d'attendre notre tour, ce qui est déjà tout un apprentissage).

Et puis surtout, il y a Emmanuel. Il sait fédérer un groupe, créer un espace où chacun trouve peu à peu sa place. Il a ce truc rare : il voit les gens, vraiment. Et il nous pousse à nous voir aussi, parfois autrement, souvent en mieux.


Quels sont les rôles que tu as aimé interpréter ? Y a-t-il un rôle qui t’a marqué davantage ?

Le tout premier, c’était Petra von Kant, de Fassbinder. Une femme complexe, piégée entre désir, pouvoir et solitude. J’ai joué une scène de colère. Une colère blessée, intime. C’était difficile. Parce que ce genre d’émotion, ça ne se fabrique pas : ça se cherche. Et parfois, ça vous trouve avant que vous soyez prêt.

Puis il y a eu Racine : Bérénice, Andromaque… La tragédie pure, classique, mais pourtant si vivante. Ce sont des rôles qui ne viennent pas du mental, mais du ventre. Il faut y plonger, sans masque, sans filet. Et bizarrement, c’est là qu’on se sent le plus vivant.

Et enfin, les scènes de groupe. Celles qui ne font pas briller un seul, mais révèlent le collectif. C’est un exercice d’humilité, d’écoute. Un jeu à plusieurs, sans qu’aucun ne tire la couverture. Et ça, c’est précieux. Parce que le théâtre, c’est aussi — peut-être surtout — apprendre à jouer ensemble.

cours de théâtre
Laure dans "Andromaque"

Y a-t-il des rôles ou des styles de personnages que tu rêves d’interpréter ?

Oui, plusieurs, en fait. Le théâtre physique, par exemple. J’ai toujours admiré ces acteurs qui transmettent autant par un geste, un regard. Presque une danse.

Et puis il y a le théâtre de l’absurde. Ce non-sens qui, d’un coup, nous éclaire sur l'absurdité  de la condition humaine. 

Mais j'aime vraiment tous les registres c'est bien pour cela que j'aime le cours de scènes tout en ayant de l'intérêt pour une pièce de théâtre. Pour le moment je dois choisir mais j'espère un jour pouvoir concilier les deux. 


Que cherchais-tu en t’inscrivant à un cours de théâtre ? Qu’as-tu trouvé au sein de la compagnie ?

Au départ, je cherchais un espace pour oser. Oser sortir de moi-même, oser dire des choses à voix haute, oser être vue autrement. Je ne savais pas trop ce que j’y trouverais, mais j’avais besoin de ce pas de côté.

Et ce que j’ai trouvé, c’est bien plus que ça : un lieu d’écoute, de confiance, de jeu. Un endroit où l’on progresse ensemble, sans jugement, porté par la bienveillance du groupe et le regard juste d’Emmanuel. J’ai trouvé un rendez-vous régulier avec moi-même, et avec les autres.


As-tu une anecdote concernant les cours, répétitions, spectacles ?

Lors d’un des tout premiers cours, Emmanuel nous a demandé d'improviser autour du radeau de la Méduse. Nous étions douze sur une embarcation ou un drame devait se dérouler. Pas de texte, pas de rôles définis — juste nous, le plateau, et un silence un peu intimidant.

Certains sont restés figés, d’autres ont occupé l’espace comme pour échapper au vide. À côté de moi, une élève jouait une enfant. Sans trop savoir pourquoi, je me suis retrouvée à la prendre dans mes bras pour la rassurer. Un geste simple, instinctif. Et là, j’ai compris que parfois, au théâtre, il faut arrêter de chercher la bonne idée et simplement se laisser porter.

Le lâcher-prise, ce n’était pas la consigne du jour, mais c’est ce que j’ai appris. Et tant mieux, parce que sur un radeau... on finit par tomber à l’eau.


As-tu une question pour Emmanuel ?

Oui, j’aimerais lui demander : comment choisis-tu les scènes et les acteurs, surtout avec l’arrivée de nouveaux chaque année ?


Réponse d'Emmanuel :

Le choix des scènes se fait différemment selon que je travaille avec une personne pour la première fois ou si la collaboration se prolonge sur deux ou plusieurs années.

Quand quelqu'un rejoint le cours, il y a forcément un temps de découverte, à travers les exercices que je peux proposer. Quand je commence à être inspiré par cette personne, je lui propose une première scène qui est souvent un texte que je pense être proche de son "emploi". Pour les autres scènes, je propose des univers différents, voire même très loin de la première impression que j'ai eue. Cela dans le but de travailler en même temps des registres très différents, de prendre conscience de ses points forts et de ses faiblesses éventuelles, et d'enrichir les unes par les autres.

Lorsque le travail se prolonge dans le temps, la réflexion de base est la même, avec la contrainte supplémentaire de ne pas enfermer qui que ce soit dans les mêmes rôles, d'essayer de sans cesse découvrir et se surprendre. Et bien évidemment, si j'aime particulièrement un texte et que je sais qu'une personne précise le servira parfaitement, je nous fais ce plaisir de provoquer la rencontre entre le personnage et le / la comédien(ne).



Je remercie profondément Laure pour ses très gentils mots sur notre travail. Il y a des jours où je sais pourquoi la passion du partage et de l'enseignement du théâtre ne me quitte pas. Un grand MERDE à elle qui sera sur scène les 22 et 29 juin !


À bientôt pour un nouvel article sur notre blog !


(Photos de Louis Barsiat)

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