Dans la section [RETOUR SUR], nous vous présentons les spectacles montés dans le cadre de nos cours de théâtre "Travail d'une pièce". Aujourd'hui, nous revenons sur La Guerre des Salamandres, de Karel Capek, une des pièces travaillées pendant la saison 2019 - 2020.
Bonne lecture !
Pourquoi monter cette pièce dans un cours de théâtre ?
La lecture de cette pièce plonge le lecteur dans un univers dystopique où les salamandres ne sont pas exactement les animaux que nous connaissons. Elles ont d'autres capacités intellectuelles et physiques, et sont douées d'un sens de la communauté extrêmement poussé. La pièce raconte la découverte de ces animaux, la prise de conscience de leur intelligence, et comment les humains, à leur habitude, vont tenter de tirer profit d'une autre espèce pour leur propre avantage.
Je n'en dis pas plus pour ne rien dévoiler de l'intrigue, mais dans la forme, l'auteur ménage un suspense et une montée dramatique que j'ai trouvés très intéressants à exploiter sur scène. Et plus largement, c'est une pièce qui, malgré une tonalité plutôt comique, traite de nombreux sujets : l'exploitation de l'autre (voire l'esclavagisme), l'écologie, la mondialisation... Ayant monté cette pièce durant la première année de la pandémie de Covid, nous avons été surpris de voir que par maints aspects, nous étions (malheureusement) dans l'air du temps.
Comment représenter les salamandres ?
C'est la question principale que nous nous sommes posée durant les répétitions. Si la pièce tourne autour des salamandres, il y a peu de scènes où elles interviennent physiquement. Mais elles sont pourtant bien là ! Elles interagissent avec d'autres personnages, elles parlent... Il fallait donc leur donner une existence sur scène.
L'idée d'un costume a immédiatement été écartée. D'une part, à moins d'un budget permettant un travail extrêmement soigné (que nous n'avions pas), il était impensable de faire une proposition visuelle qui ne soit pas ridicule. D'autre part, nous avons jugé qu'il serait plus intéressant de conserver le mystère concernant ces créatures. Je préfère toujours laisser l'imaginaire des spectateurs créer ce que nous ne pouvons pas représenter.
Nous avons donc suggéré à quoi pouvait ressembler nos salamandres, par un travail sur les ombres et le contre-jour, ne révélant que des silhouettes encapuchonnées ou des mains à trois doigts. Les spectateurs n'ont pas vu davantage que les mains des salamandres, et c'était suffisant pour faire exister ces créatures.
Une scénographie en mouvement
J'avais évoqué dans l'article sur Mon Fric le questionnement autour de la façon de mettre en scène les espaces évoqués avec un minimum de moyens. La question s'est également posée pour cette pièce, mais la problématique était différente : si la structure narrative et l'écriture de Mon Fric imposaient l'évocation plus que la représentation, nous avions besoin dans le cas présent de pouvoir construire plusieurs tableaux avec des identités marquées. Et pour la première fois, nous nous sommes lancés dans le bricolage et la construction de structures avec lesquelles nous avons jouées : elles ont servi de pupitre, de table, ont permis de structurer l'espace différemment... Bref, nous avons été confrontés à un nouveau petit challenge, de ceux que j'apprécie particulièrement car ils obligent à repousser les limites en laissant s'exprimer notre créativité.
Cette pièce a vu le jour malgré la pandémie, malgré les reports dûs aux fermetures des théâtres... Nous avons pu la présenter avec quelques mois de retard, la motivation n'a jamais diminué, et l'enthousiasme avec laquelle la troupe l'a jouée nous en laisse encore à ce jour un très fort souvenir.
N'hésitez pas à découvrir les autres pièces que nous avons montées au sein de nos cours de théâtre.
On se retrouve bientôt avec une nouvelle interview d'une des comédiennes de la troupe !
(toutes les photos sont de Louis Barsiat)
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